Quels sont les dangers du tourisme dentaire
Le tourisme dentaire a la cĂ´te ces dernières annĂ©es. Pourtant, cette pratique, qui consiste Ă se rendre dans un pays Ă©tranger pour obtenir des soins dentaires Ă un tarif modĂ©rĂ©, est loin de s’avĂ©rer sans dangers.
Interventions bâclées, absence de suivi, règles d’hygiènes très variables… Les risques entourant la réalisation de soins dentaires dans un pays inconnu sont légion, mais demeurent encore méconnus de bien des Français.
Cette pratique concernant en premier lieu les interventions orthodontiques les plus coĂ»teuses et, de fait, les plus lourdes, il est d’autant plus important d’en connaĂ®tre tous les dangers pour ne pas se laisser tenter par des offres allĂ©chantes risquant, en dĂ©finitive, de nuire Ă votre santĂ© et Ă votre portefeuille.
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Le tourisme dentaire, qu’est-ce que c’est ?
Les soins dentaires peuvent s’avĂ©rer particulièrement dispendieux, notamment depuis que l’Assurance Maladie s’est en partie dĂ©sengagĂ©e du remboursement de nombreuses interventions prĂ©ventives et de « confort », dont la pose d’implants dentaires destinĂ©s Ă remplacer des dents manquantes ou abĂ®mĂ©es.
Dans certains pays, le coût de la vie est inférieur à celui de la France et, en conséquence, le coût des soins dentaires y est plus abordable pour les ressortissants français.
Certains Français se laissent donc tenter par l’idée de se rendre à l’étranger pour réaliser des interventions orthodontiques coûteuses, espérant ainsi économiser une somme substantielle.
En Europe, la Hongrie, l’Espagne et le Portugal attirent de plus en plus de touristes français qui profitent de leurs vacances pour effectuer des interventions dentaires, souvent lourdes, pour eux-mêmes ou pour leurs enfants.
À leurs risques et périls, puisque cette pratique présente des dangers sur de multiples plans, tant pour la santé du patient que pour son portefeuille.
Les dangers du tourisme dentaire pour la santé
Lorsque les interventions dentaires sont réalisées dans un pays d’Europe occidentale, les normes d’hygiènes sont peu ou prou similaires à celles ayant cours en France.
Pour autant, les risques d’infections consécutifs à une opération réalisée dans de mauvaises conditions sanitaires demeurent bien présents. En effet, puisque le tourisme dentaire est devenu très tendance ces dernières années, il a généré un véritable business au sein des pays étrangers les plus prisés par les patients français.
Certaines cliniques hongroises, par exemple, se spécialisent dans l’accueil des touristes français, proposant des tarifs légèrement supérieurs à ceux du marché local pour donner une impression de luxe, mais toujours très attrayants aux regards de ceux pratiqués en France. L’objectif de ces établissements étant de réaliser un profit important, les interventions sont rapidement expédiées et enchaînées, ce qui ne laisse pas toujours la place à un nettoyage réglementaire du matériel et des lieux.
De plus, les établissements étrangers ne sont pas tous soumis aux mêmes règles concernant la traçabilité de leurs produits et l’innocuité des matériaux utilisés, notamment lors de la pose de prothèses dentaires. Le décalage sanitaire peut être d’autant plus important lorsque le pays est géographiquement éloigné de la France, sur d’autres continents ou même en Europe de l’Est.
Concernant le savoir-faire des chirurgiens dentistes étrangers, il n’a généralement pas à être remis en cause dès lors que le praticien dispose d’une formation reconnue à l’international.
Néanmoins, la grande popularité du tourisme dentaire engendrant son lot de dérives, les patients qui décident de confier leurs soins dentaires à un praticien étranger encourent davantage de risques de tomber sur un usurpateur, dans un pays où il est difficile de vérifier l’authenticité du diplôme et de la réputation de ce dernier.
Au-delà des éventuelles problématiques d’hygiène, de sécurité et de compétences qu’induit le tourisme dentaire, le danger majeur réside dans l’absence de suivi post-soins et postopératoire inhérente à cette pratique.
Les touristes se rendant dans le pays Ă©tranger oĂą se trouve la clinique de leur choix seulement durant une pĂ©riode donnĂ©e, souvent courte, ils n’ont pas toujours la possibilitĂ© de retourner voir le praticien qui les a soignĂ©s ni en cas de problème ni pour rĂ©aliser les examens de suivi. Or, un suivi de qualitĂ© est indispensable pour surveiller l’apparition d’Ă©ventuelles complications, s’assurer de l’efficacitĂ© de l’intervention et, au besoin, procĂ©der Ă des ajustements.
Cet aspect des soins ne doit pas être laissé au hasard et mérite d’être considéré comme un facteur à part entière du succès d’une intervention dentaire. De fait, en cas de complications, les patients ayant eu recours au tourisme dentaire sont souvent contraints de consulter un praticien français. Ce dernier devra souvent effectuer des examens supplémentaires, potentiellement coûteux, pour déterminer quels procédés ont été utilisés par son confrère étranger avant toute nouvelle intervention.
Par ailleurs, nombre de praticiens français refusent de prendre en charge certains patients opérés à l’étranger, ne souhaitant pas endosser la responsabilité des éventuelles erreurs commises par un tiers.
Les risques financiers du tourisme dentaire
Si le tourisme dentaire a d’abord vocation Ă rĂ©duire les coĂ»ts d’une intervention dentaire, il peut en dĂ©finitive faire grimper la facture quand tout ne se dĂ©roule pas comme prĂ©vu.
Le suivi mĂ©dical Ă©tant souvent inexistant, du fait de la – très – longue distance qui sĂ©pare le patient revenu en France du professionnel qui l’a soignĂ© Ă l’Ă©tranger, les Ă©ventuelles retouches, examens de suivi et soins postopĂ©ratoires doivent ĂŞtre rĂ©alisĂ©s en France, au tarif français.
Si une complication survient, le patient peut avoir besoin d’une nouvelle intervention en urgence, parfois plus onéreuse que l’intervention d’origine si celle-ci avait été réalisée correctement en France.
Dans certains cas, le patient n’a d’autre choix que de retourner se faire soigner dans le pays où a eu lieu l’intervention – si tant est que le professionnel l’ayant soigné accepte de le revoir – ce qui engendre de nouvelles dépenses.
Il arrive également que l’intervention soit un échec thérapeutique complet, notamment lors de la mise en place de prothèses dentaires qui peuvent se déchausser lorsqu’elles n’ont pas été posées adéquatement.
Dans cette conjoncture, le patient peut être amené à engager des poursuites judiciaires contre le praticien pour bénéficier d’un remboursement des soins réalisés, voire d’un dédommagement pour le préjudice subit, parfois important (incapacité à travailler, visage déformé, etc.).
Or, les poursuites judiciaires à l’encontre d’un praticien à l’étranger se révèlent souvent très onéreuses, et malheureusement peu efficaces, laissant les patients sans recours possibles.
Le tourisme dentaire est donc une pratique fortement déconseillée, notamment lorsqu’elle cible des interventions lourdes nécessitant un suivi régulier et de qualité.
Le suivi d’une chirurgie dentaire est en effet un aspect crucial de la réussite de l’opération, qui n’est malheureusement presque jamais réalisé en cas de soins à l’étranger.
Par ailleurs, l’Assurance Maladie propose depuis le 1er janvier 2020 un remboursement plus performant des soins dentaires Ă travers son panier « 100% Santé » pour permettre Ă tous d’accĂ©der Ă des soins de qualitĂ© en France.
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